L’énergie biomasse est une source d’énergie renouvelable qui prend de plus en plus d’importance dans le mix énergétique français. En raison de la hausse des températures, les conditions climatiques sont bouleversées et perturbent l’équilibre naturel habituel. Face à cette urgence, les politiques se démènent pour trouver des solutions durables afin de limiter nos impacts sur notre écosystème.
Dans cet article, nous allons présenter la biomasse, qui est la forme d’énergie la plus ancienne utilisée par l’homme. Puis, nous tenterons d’en apprendre davantage sur son exploitation en France et son impact sur notre environnement.
1. État des lieux de la production d’énergie biomasse en France
La biomasse est une source d’énergie renouvelable qui joue un rôle important dans la transition énergétique en France. On l’obtient à partir de matières organiques telles que les déchets agricoles, les résidus forestiers, les cultures énergétiques et les déchets urbains. Par conséquent, la biomasse est utilisée pour produire de la chaleur, de l’électricité et des biocarburants, et contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le bois est l’énergie la moins chère. Elle représente aujourd’hui la source la plus importante de bioénergie pour la cuisson et le chauffage domestique.
Selon les données relevées sur edf.fr, la France a produit 2,1 GW de bioénergie. On note une progression de 3,7% par rapport à 2018.
Ainsi, les bioénergies se répartissent en quatre catégories : les déchets ménagers, les déchets de papeterie, le biogaz et le bois-énergie et autres composants solides.
Répartition du parc bioénergies en France en 2019

En résumé, la bioénergie est une énergie renouvelable obtenue par transformation chimique de la biomasse.
En 2019, le secteur de la bioénergie a produit 9,9 TWh d’électricité, dont 7,7 TWh provenant de sources renouvelables. Par rapport à 2018, le segment des énergies renouvelables a augmenté de 3,6 %.
Part des renouvelables dans la production d’électricité en France en 2019

Comme l’illustre ce graphique, les trois plus grands producteurs d’électricité à partir des bioénergies dans le monde sont la Chine, les États-Unis ainsi que le Brésil. À l’échelle européenne, la France fait partie des leaders, en production d’électricité d’origine bioénergétique, avec une production totale de 15,4 TWh (térawattheures) selon les données de l’AIE. La bioénergie représente environ 5,5% de la production totale d’électricité en France.
PAYS | PRODUCTION (TWh) | (% ) NATIONAL |
---|---|---|
CHINE | 90,6 TWh | 1% |
ETATS-UNIS | 59,5 TWh | 1% |
BRESIL | 53,9 TWh | 9% |
ALLEMAGNE | 44,7 TWh | 7% |
INDE | 43,9 TWh | 8% |
ROYAUME-UNI | 31,9 TWh | 10% |
JAPON | 21,5 TWh | 2% |
ITALIE | 16,8 TWh | 6% |
THAÏLANDE | 16,2TWh | 9% |
SUEDE | 10,2 TWh | 6% |
FRANCE | 6,13 TWh | 1% |
2. Consommation de l’énergie biomasse par filière
Il est vrai que la biomasse est le combustible le plus exploité depuis la préhistoire. Jusqu’à la première révolution industrielle, il est utilisé pour se chauffer, s’éclairer ou se nourrir, y compris pour alimenter les machines à vapeur. Après 1945, alors que le prix du pétrole est au plus bas, la biomasse est délaissée au profit d’énergie moins coûteuse tel que le pétrole et le charbon. Grâce à la prise de conscience face à la pollution des énergies fossiles, la tendance s’inverse dans les années 70.
Aujourd’hui, les matières premières et les sources d’énergie fossiles s’épuisent.
Face à ces nouveaux enjeux, l’homme cherche des alternatives. Contrairement au pétrole, la biomasse se renouvelle rapidement grâce à la pratique d’une agriculture durable. Les forêts sont les premières sources de biomasse. Actuellement, le taux de boisement en France s’élève à 31 %. C’est la source la plus utilisée. Si bien que, notre pays compte 67 centrales biomasses.
Une centrale biomasse fonctionne de la manière suivante :
- combustion : la biomasse brûle dans une chambre de combustion
- production de vapeur : la chaleur transforme l’eau de la chaudière en vapeur
- production d’électricité : la vapeur active une turbine qui entraîne un alternateur, qui va produire de l’électricité transportée dans les lignes électriques
- production de chauffage : à la sortie de la turbine, une partie de la vapeur est utilisée pour le chauffage grâce à un cogénérateur
- recyclage : le reste de la vapeur est transformé en eau grâce à un condenseur
Ainsi, l’énergie thermique produite sous forme d’eau ou de vapeur, alimente en chauffage les écoles ou le réseau de chaleur urbain.
Quant au bois non valorisé par la filière forestière, il est transformé en granulés ou en copeaux.
Ce graphique présente la part des énergies renouvelables servant à la production de chaleur et consommés par les ménages.
Consommation des énergies renouvelables pour usage de chaleur en 2021

3. Les énergies issues de la biomasse en plein développement
En ce qui concerne l’énergie biomasse, elle est la source d’énergie la plus consommée en France, à 90%. Les 10 % restants proviennent de déchets agricoles, de biogaz et d’autres sources.
Les bioénergies sont également de plus en plus compétitives en termes de coût. C’est pourquoi, les innovations avec la gazéification de la biomasse et la production de biocarburants se multiplient. Ainsi, la production électrique est importante, efficace et économique.
En effet, la même quantité de biomasse permet de produire plus d’électricité avec la gazéification. Des particules de biomasse entrent en combustion dans un réacteur. Avec la chaleur, elles vont sécher et le contenu dans le bois va s’évaporer. Ensuite la particule va pyrolyser, puis le monoxyde de carbone et de l’hydrogène vont s’échapper.
Le bois se transforme alors en charbon de bois. Grâce à la vapeur d’eau, le charbon de bois va se gazéifier. À partir des cendres, des molécules seront extraites pour former un gaz. Il peut ainsi produire de l’électricité dans un moteur. Aussi, la chaleur des gaz d’échappement peut alimenter le réseau de chaleur urbain. Il peut également être transformé en méthane chimiquement identique au gaz naturel. Les chauffe-eau mais aussi les appareils de cuisson récupèrent ce gaz naturel via le réseau existant. De nos jours, certaines voitures sont conçues avec des biocarburants. Grâce à la gazéification, il devient possible de transformer les résidus agricoles en électricité, en chaleur ou carburant.
Quant à la consommation de biomasse, Près de la moitié est concentrée dans le secteur résidentiel (49%), environ un quart sert à la production d’électricité (12%) et à la vente de chaleur (11%). D’autres secteurs comme les transports, l’agriculture et l’industrie utilisent la biomasse. En 2021, la consommation s’élève à 249 TWh tous secteurs d’activité confondus, en France.
Consommation des énergies renouvelables thermiques par secteur en 2021

4. L’énergie biomasse favorable pour l’avenir selon le gouvernement
Les soutiens publics apportés au déploiement des énergies renouvelables sont colossaux. En effet, l’Etat a investi près de 6,4 milliards d’euros en 2020 et finance la recherche & développement à hauteur de 189 millions d’euros. La filière bois dispose de 65 millions d’euros, soit 34% du budget. Ainsi, le gouvernement espère atteindre en 2023, une production électrique comprise entre 790 MW et 1040 MW et de 13 à 14 Mtep en production de chaleur. Ce qui porterait à 9,5 millions le nombre de logements chauffés au bois d’ici à 2023.
Non seulement, plus de 7 millions de ménages se chauffent avec ce combustible, mais aussi, la filière bois crée des emplois en France, pas moins de 80 000.
Chiffres clés des énergies renouvelables en 2021

Grâce à l’appui de l’ADEME*, le label Flamme Verte favorise le développement d’appareils de chauffage plus performants et moins polluants. Depuis la création du label, en 2000, leur rendement a augmenté de 30 % . Les appareils labellisés participent donc à la préservation de la qualité de l’air.
Partant de ce fait, le gouvernement cible l’objectif zéro émission nette de CO2 d’ici à 2050.
Lancé en 2017, le Plan Climat vise à lutter contre le changement climatique en France. Il prévoit donc d’atteindre 32 % d’énergies renouvelables en France d’ici 2030 et d’encourager la production d’énergie biomasse. Cet engagement s’inscrit dans le cadre des objectifs internationaux fixés par l’accord de Paris sur le climat. La Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) a été votée en 2015 dans le cadre de la loi sur la transition énergétique. Elle vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 et les diviser par quatre d’ici 2050.
Les programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE) aspirent à orienter la politique énergétique du pays sur plusieurs années. Elles font suite à la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en 2015. Par conséquent, les pouvoirs publics fixent les actions pour la gestion de toutes les formes d’énergie du territoire, tous les cinq ans.
En juillet 2021, la Polynésie française et les collectivités territoriales sont dotées de 60 millions € destinés à favoriser le développement de production d’énergies renouvelables, suite à la création d’un fond de transition énergétique par le président français.
L’amélioration des équipements et du renouveau du parc de chauffage doit être accompagnée d’une campagne de sensibilisation. En effet, les utilisateurs doivent autant être sensibles aux appareils qu’aux combustibles qu’ils utilisent pour se chauffer. Peu de personnes ont conscience que l’énergie biomasse est une source de pollution.
ADEME* : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
5. L’énergie biomasse et son impact sur l’environnement
Bien que l’énergie biomasse soit une source d’énergie renouvelable, elle affecte notre environnement. Ainsi, chaque année 10 millions d’hectares de forêt disparaît. La déforestation représente 12 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. 80 % de la déforestation mondiale est liée à l’agriculture (culture du soja, l’huile de palme, la canne à sucre…) mais aussi à la construction d’infrastructures, l’urbanisation, ou par l’activité minière. Les importations européennes sont responsables d’environ 16 % de la déforestation mondiale derrière la Chine 24%.
Face à ce constat, l’union européenne doit statuer sur une loi interdisant l’importation de produits liés à la déforestation. Les entreprises devront faire preuve de transparence. Le marché européen est très lucratif avec 500 millions de consommateurs. Cependant, les lois varient selon les pays. Par exemple, au Brésil, 80 millions d’hectares pourraient être légalement déboisés.
La législation devrait intégrer la protection :
- des écosystèmes non forestiers (savane, prairie, mangrove…)
- des droits humains
De nombreux experts s’interrogent sur l’impact des biocarburants. En effet, ils sont issus de la biomasse et incorporés aux carburants fossiles pour fabriquer du biodiesel et du bioéthanol. Certaines organisations parlent “d’agrocarburant” que de “biocarburant”.
En vérité, la production de biocarburants est issue de la production alimentaire telles que l’huile de colza, l’huile de palme et la canne à sucre… L’activité humaine requiert davantage de terres agricoles et donc de détruire des écosystèmes naturels. En conséquence, la pollution est réduite dans le secteur des transports, mais, la déforestation continue.
Aussi, des recherches sont faites pour développer les agrocarburants de deuxième et troisième générations. Cependant, ils devront répondre aux critères suivants :
- non-concurrence avec les cultures alimentaires
- respect des droits des communautés
- préservation des espaces naturels fragiles
Emissions de Diesel vs émissions de Biodiesel première génération

Selon Greenpeace, pour contrer la crise climatique et environnementale, il faut à tout prix abandonner le développement des agrocarburants et supprimer tous les avantages fiscaux qui y sont attachés.
En somme, la France dispose d’un potentiel important en matière de bioénergie, notamment grâce à ses vastes forêts et à son agriculture. Toutefois, la part de la bioénergie dans le mix énergétique français reste modeste par rapport à d’autres sources d’énergie renouvelable telles que l’éolien ou le solaire.